En octobre dernier, je me présentais aux tests de sélection pour le cours « coupe couture tailleur ». La première année en « coupe couture initiation » ayant été riche en apprentissage, j’ai eu envie de poursuivre sur ma lancée et tenter une inscription en 2ème année de formation.
A l’issue d’un entretien et de tests de sélection un peu plus techniques que ceux de 1ère année, j’ai eu la chance d’être retenue au cours du lundi soir à Belleville. Je dis bien chance car comme d’habitude, nous étions beaucoup de candidats pour peu d’élus : cette année, seules 2 classes de 2ème année étaient ouvertes (lundi et mardi soir).
Au programme de cette formation, la construction, la coupe, le montage et la finition d’une veste tailleur ou d’un manteau à partir d’une base de buste sur mesure : « étude du col tailleur, de la manche tailleur, du pli-fente doublé, des poches passepoilées à rabats, du col banane, du petit côté, etc… »
Désireuse d’apprendre à patronner une veste tailleur sur mesure avec tous les détails traditionnel (col tailleur, manche tailleur, poches passepoilées, etc.), c’est donc avec impatience que je me suis présentée une semaine plus tard au premier cours !
Aucun élève n’ayant pu finaliser le programme de première année, à savoir le chapitre consacré au pantalon, le professeur a choisi de rajouter ce pavé au programme et de s’y attaquer au cours des premières semaines avant de passer à la veste tailleur.
Le pantalon
Au départ, l’idée ne m’a pas plus dérangé que cela. Mais c’était sans compter le nombre de séances que nous allions consacrer à ce maudit pantalon sur mesure …
La construction et l’assemblage du pantalon sur mesure (base de pantalon + modèle de pantalon) nous a occupé près de 4 mois … Et je dois avouer qu’il a presque fini par me dégoûter des cours du soir au vue des difficultés rencontrées !
Sur le papier, construire un pantalon sur mesure n’a pas l’air si compliqué et pourtant rien qu’à l’étape de la prise des mesures, les choses se compliquent … Et c’est parti pour le défilé des petites culottes et des mètre-rubans pour prendre les mesures les plus improbables mais au combien précieuses.
Si la construction de la base de pantalon à plat s’est relativement bien passée, à l’essayage les choses se sont corsées. Cambrée par nature, j’ai eu le droit à pas mal d’ajustement au niveau du dos, du fessier, des cuisses et de la fourche. Le plus chiant sur une base de pantalon c’est qu’on a du mal à se projeter dans la toile car ce n’est pas le genre de vêtement qui met en valeur … Et en plus quand on a des retouches à effectuer au niveau de l’entrejambe et du fessier, on y voit pas grand chose … Heureusement qu’on peut compter sur l’aide des camarades et du professeur ! Aujourd’hui, je serais incapable et rectifier toute seule une nouvelle base de pantalon tant je trouve ce chapitre technique …
La base validée, nous avons attaqué la construction de nos modèles de pantalon, au choix. J’ai eu envie de partir sur un pantalon type chino, à la taille, avec 2 plis français (je voulais des plis italiens en réalité mais le professeur a inversé les deux lors des explications), des poches italiennes et une braguette. Je ne sais pas comment j’ai fait mon coup mais suite aux transformations mon pantalon était devenu trop large au niveau des cuisses. J’ai du reprendre mes lignes de côtés pour ajuster le tout à mon goût.
Mais je dois avouer que même après ces retouches, je n’étais pas satisfaite de mon modèle, si bien que je n’ai jamais cousu la version définitive dans un tissu … Je n’en pouvais plus du pantalon ! Je n’avais qu’une seule envie : attaquer la veste tailleur !
La veste (tailleur)
Quand enfin le professeur nous a demandé d’apporter nos bases de buste de première année, j’ai retrouvé la banane ! Mais c’était sans compter la présentation des 2 modèles sur lesquels nous allions travailler au cours des prochains mois que voici.
Euuuuhhhh … on est bien en formation perfectionnement tailleur n’est-ce pas ? Pourquoi je ne vois pas de veste tailleur sur les mannequins ?!
Autant vous dire que je tirais une gueule d’enfer. Là, certaines d’entre vous se disent sûrement « mais quelle chieuse celle-là, elle n’est JAMAIS contente ou quoi ? ». Oui j’assume, je suis une vraie chieuse au quotidien et une râleuse professionnelle !
Cela faisait plus de 4 mois que j’attendais patiemment de débuter enfin le programme de formation pour lequel je m’étais inscrite cette année. Le chapitre consacré au pantalon n’avait pas été une partie de plaisir pour moi mais je me disais que le reste du programme compenserait largement ces semaines de galère.
Et là, je découvre que la veste tailleur et ses détails ont été complètement zappés du programme. Râleuse éternelle, j’ai fait part de mon étonnement au professeur qui m’a répondu que malheureusement, compte tenu du temps passé sur le pantalon, nous n’aurions pas le temps d’étudier la veste tailleur.
J’ai tenté de faire bonne figure mais j’étais furieuse ! Adieu le col tailleur, bye bye la manche tailleur, pas le temps, merci, au revoir …
La seule chose qui m’a un peu consolé c’est de voir d’autres élèves aussi déçues que moi !
C’est la raison pour laquelle, nous avons pris notre courage à deux mains pour insister auprès du professeur pour étudier tout de même le col tailleur. Mais non, il n’y avait rien à faire … Nous avons tout de même réussi à obtenir au moins les polycopiés sur la construction du col tailleur, youpi c’est déjà ça.
Cela tombe bien car je n’avais aucune envie de travailler sur les 2 modèles proposés (quand je vous dis que je suis vraiment une chieuse!). Têtue comme une mûle, j’avais prévu depuis des mois de me faire une veste tailleur sur mesure et je ne comptais pas changer mes plans. J’ai donc suivi consciencieusement les explications des 2 modèles présentés par le professeur pour être capable de les réaliser un de ces quatre. Mais en parallèle, je travaillais de mon côté sur ma veste tailleur.
Les semaines se sont enchaînées et ma toile de veste a pris forme. La construction du col tailleur s’est passé sans encombre. J’étais surprise d’avoir réussi à le faire toute seule simplement avec le polycopié. Petite victoire !
Sur ma lancée, j’ai voulu ajouter des poches passepoilés double avec rabat. Ba oui, une veste tailleur sans poche, ce n’est pas vraiment une veste tailleur. Alors j’ai galéré une séance dans mon coin avant de demander de l’aide au professeur sur l’ordre de montage des différentes pièces. Et hop, à la fin du cours j’avais mon prototype de poches !
Je pense que le plus délicat sur cette veste a été de redonner de l’aisance aux manches. D’ailleurs, je n’ai pas eu le courage de me lancer dans des manches tailleur, j’ai opté pour la facilité !
Au final, ma toile a été validé par le professeur. Le seul détail qui me déplaisait c’était la pince poitrine. Je ne sais pas pourquoi mais je n’aime pas du tout les pinces poitrine sur les vestes ..
Parka + Trench = Parkach
Voyant qu’il me restait encore 5 séances avant la fin de l’année, j’ai préféré partir sur un deuxième modèle personnel plutôt que de coudre la veste tailleur dans son tissu final.
J’avais bien ma petite idée en tête : un petit trench court pour l’automne prochain. Et puis après réflexion, je me suis dit que c’était un peu idiot car .. je ne porte JAMAIS de trench mais seulement des parkas. J’ai alors eu l’envie de mixer les détails du trench et de la parka que j’affectionne tant.
Et c’était l’occasion de patronner un modèle de veste SANS pince ! Je suis donc allée voir le professeur qui m’a un peu calmée dans mes petits plans sur la comète en m’expliquant qu’en coupe à plat, on aurait toujours des pinces quelque part. En rentrant chez moi, j’ai fouillé mes cours de première année et je suis tombée sur un buste de base sur mesure sans pince. J’ai donc ramené toute fière ma trouvaille à mon professeur pour lui faire part de mon idée lumineuse : utiliser cette base SANS pince pour construire mon modèle !
Mais mon approche peu conventionnelle n’a pas du tout convaincu le professeur qui m’a plutôt conseillé une autre méthode à partir de ma base de buste classique (AVEC pince). Après plus d’une heure d’élargissement, de passages de pinces, de coup de ciseaux et de scotch, je me rends compte que …. il y a toujours une putain de pince dans mon modèle ! J’ai eu envie de pleurer de rage, sans rigoler !
Le professeur est venu me voir : »ba oui, il y aura toujours une pince, je pensais que vous l’auriez compris ?! »
Ok d’accord …. merci bien !
On aurait dit la scène des Bronzés font du ski où Christian Clavier dit au couple qui lui ramène un cochon dans son cabinet médical « Mais puisque je vous dis que je ne fais PAS les bêtes ?! » mais en mode « Mais puisque je vous dis que je ne veux PAS de pinces ?! »
Moi : « Et si on passait presque toute la pince dans l’emmanchure ? «
Après tout, je n’avais plus rien à perdre. Je suis partie tête baissée sur cette solution du désespoir dont le professeur n’était pas fan. Et à l’assemblage de la toile, Ô miracle, ça marche et ça tombe plutôt très très bien au plus grand étonnement du professeur.
Partie sur ma lancée et le sourire retrouvé, j’ai passé les dernières séances à peaufiner mon modèle de parka-trench ou « parkach » (merci Camille) : fish tail dans le dos, lien de resserrage au creux de la taille, poches passepoilés à rabat en biais et capuche cagoule.
Bilan
Je crois que ces dernières semaines de cours sont celles que j’ai le plus apprécié ! C’était vraiment le pied de voir la parkach prendre forme !
Il faut dire qu’en première année, j’avais pris l’habitude de travailler en parallèle du cours sur des modèles persos. J’étais en recherche d’emploi alors j’avais assez de temps pour me permettre d’avancer à la maison. Mais cette année, le contexte était vraiment différent avec un nouveau job et beaucoup moins de temps libre … Je faisais mes devoirs maison le dimanche soir, la veille du cours, un peu last minute. Pas l’idéal !
Oui car ce que je ne vous dis pas c’est qu’en plus, j’ai suivi un autre cours de couture avec la Mairie de Paris ! Le vendredi soir, j’assistais au cours de retouche avec Mélodie (on vous en parle bientôt) !
Je me suis un peu emballée : attaquer la semaine avec un cours de 3h le lundi soir (ce qui signifie un retour à 22h45 à la maison car j’habite en banlieue) et finir le vendredi avec un autre cours, ce n’était peu être pas la meilleure idée. J’ai rapidement ressenti la fatigue mais aussi la frustration de ne pas pouvoir avancer chez moi comme je le faisais en première année.
Si j’essaie de faire le bilan de cette 2ème année, je dirais que je suis assez partagée.
Je pense qu’il aurait été préférable d’attaquer l’année par la construction de la veste tailleur qui était prévue au programme et de finir, si le temps nous le permettait, par la construction du pantalon.
Cela aurait pu être un gros plus de pouvoir voir les deux chapitres. Malheureusement, les nombreuses séances passées sur le pantalon nous ont privé de chapitres techniques comme la construction de la manche et du col tailleur. C’est bien dommage !
En dehors de cela, j’ai passé de très bons moments avec mes camarades de classe. En plus, nous avions l’honneur d’avoir parmi nous deux hommes !
Au final, j’ai tout de même fini l’année sur une note très positive, avec une parka qui me plait et qui devrait bientôt voir le jour ! Il n’y a plus qu’à trouver LE tissu qui va bien (et à monter la bête) : une gabardine dans les tons camel si possible, ou alors marine. Si vous avez de bonnes adresses, je suis preneuse !
Les inscriptions aux CMA
Ah et j’allais oublier, si vous souhaitez suivre un cours de couture (ou autre) avec la Mairie de Paris, sachez que les inscriptions auront lieu du mardi 23 août au mercredi 7 septembre 2016.
Le catalogue de formations couture a été totalement réorganisé avec l’apparition de nouveaux cours et des changement d’intitulés. Ainsi, le cours « coupe couture perfectionnement tailleur » que je détaille ici devient « vêtements féminins sur mesure perfectionnement ». Le programme inclut désormais officiellement la construction du pantalon et abandonne définitivement les détails de la veste tailleur. Au moins, les auditeurs seront à quoi s’attendre !
Le mot de la fin : lors du dernier cours, après 3 verres de planteur, j’ai eu envie de tailler un short à ma toile de pantalon chino lâchement abandonnée. Et finalement, en short, ça me plait un peu plus (bon ok c’est trop serré aux cuisses pour faire un revers). Qui sait, cela me donnera peut-être envie de me lancer dans une nouvelle toile de pantalon un de ces quatre ?
So.
14 Comments on Mon année de formation « Coupe couture perfectionnement – Tailleur » aux CMA
1Pingbacks & Trackbacks on Mon année de formation « Coupe couture perfectionnement – Tailleur » aux CMA
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[…] avec un col tailleur fin et des poches passepoilées doubles à rabat … Bref, ma toile de veste tailleur version hiver […]
Camille
20 août 2016 at 9 h 15 min (7 ans ago)Merci pour ton article hyper détaillé !
J’avais noté la date pour m’inscrire mais non merci, pas sur le cours de pantalon, je n’en porte pas ou très peu!
Tu penses tester autre chose l’année prochaine ?
J’ai trop hâte de voir ta parkach !!! (Merci pour le clin d’œil ;))
Madebycelinette
20 août 2016 at 9 h 19 min (7 ans ago)J’adore tes retours sur ces cours qui me font un peu rêver. Je te rassure: j’aurai été enragée si j’avais dans mon la même situation de changement total de programme…(mais je suis aussi un chieuse professionnelle). En tout cas j’ai super hâte de voir ta Parkach !!
So
5 septembre 2016 at 14 h 03 min (7 ans ago)Entre chieuse, on se comprend ahah
Sandrine
26 août 2016 at 15 h 23 min (7 ans ago)Je comprends ta déception, t’inscrire pour un cours et avoir un autre programme, je n’aurais pas apprécié non plus. En tout cas c’est formidable de pouvoir suivre de tels cours et progresser.
So
5 septembre 2016 at 14 h 03 min (7 ans ago)Oui c’est une chance incroyable de pouvoir suivre ces formations !
Kaouther
28 août 2016 at 11 h 51 min (7 ans ago)Bravo pour cet article et hâte de voir ta parkach étant aussi une grande adepte des parkas 😀
So
5 septembre 2016 at 14 h 01 min (7 ans ago)J’ai enfin trouvé un coupon de gabardine ! il n’y a plus qu’à 😉
sconesandstones
18 septembre 2016 at 20 h 18 min (7 ans ago)Hyper intéressant ton article! Je me suis inscrite à des cours à un atelier municipal également pour cette année et je n’arrive pas trop à savoir si j’ai bien fait ou pas au final! Ca me rassure de lire que tu n’as pas été entièrement comblée à toutes tes séances de cours, ça fait peut-être partie du jeu? (non c’est horrible de dire ça)
C’est très difficile je trouve de trouver quelque chose qui nous convienne. En tout cas, ta toile de parkash (lol) est top! Je pensais m’acheter le modèle de Paper Cut justement qui m’y fait bien penser. Allez bon courage pour la réaliser! Je te bise!
Florence
26 septembre 2016 at 22 h 40 min (7 ans ago)Merci So pour ce post !
Je me suis pré-inscrite au cours « vêtements féminins sur mesure perfectionnement » à Belleville.
J’ai suivi l’année d’initiation à l’école de Tanger et j’avoue que j’espérais (naïvement ?) que le certificat d’assiduité qui nous a été délivré nous serait tout de même utile pour accéder aux cours de perfectionnement…
Pourrais-tu nous dire quel type de tests tu as passés l’an dernier et en quoi consistait l’entretien ? Je note que cette année la mairie propose un plus grand nombre de cours de perfectionnement; espérons que cela ouvre les portes plus facilement !
Merci d’avance de ta réponse.
So
4 octobre 2016 at 15 h 27 min (6 ans ago)Bonjour Florence,
Je rentre tout juste de congés à l’étranger et trouve ton message.
Les tests dépendent souvent des professeurs mais en gros comme en première année l’entretien doit te permettre d’expliquer tes motivations.
Pour ce qui est du test, il est plus poussé que la première année car il y a davantage de questions techniques sur le vocabulaire technique, mais aussi un voire deux exercice pratique de passages de pince.
Mais si tu as suivi la première année de manière assidue, tu es parfaitement en mesure de le réussir 😉
B
30 octobre 2016 at 19 h 34 min (6 ans ago)Pour les cours de Vêtements féminins sur mesure Perfectionnement des CMA, en dehors de la construction du pantalon sur mesure, le programme comprend la « construction d’un vêtement féminin de type manteau/veste/blouson/cape (modèle au choix du formateur) », donc un vêtement plutôt de typologie tailleur. Il n’abandonne donc pas « définitivement les détails du vêtement tailleur ». Quand on dit « tailleur », cela ne signifie pas « veste tailleur » : un manteau ou une cape relèvent du vêtement tailleur. Pour info.
Christine
10 novembre 2016 at 11 h 22 min (6 ans ago)Merci So pour ces retours sur les cours du CMA que je suis également. Je suis cette année en cours de perfectionnement mais je vois que chaque prof a ses habitudes car je suis assez déçue pour ma part: pas de pantalon prévu et, même pas de patronage pour le moment, la prof nous a direct fourni le patron d’un manteau… Je crois que je vais repiquer et passer le cours l’année prochaine dans un autre centre…
So
10 novembre 2016 at 14 h 55 min (6 ans ago)Bonjour Christine,
Quel est l’intitulé de ton cours ? Je me demande si c’est bien la même formation car c’est étonnant que vous ne fassiez pas de patronage !
Depuis cette année, il existe 2 formations perfectionnement : une sur mesure (celle que j’ai suivi ) et une Pret à porter.
Je te conseille tout de même de ne pas abandonner la formation en cours d’année car tu pourras toujours apprendre beaucoup d’astuces pour les étages de montage notamment ! Mais bon c’est selon ton feeling bien évidement 😉